
Vous connaissez un enfant diagnostiqué avec un trouble du spectre autistique, ou TSA ? Peut-être avez-vous déjà remarqué des particularités dans son mode de communication. Absence d’expressions faciales, spécificités langagières, écholalies… Il a sans doute des difficultés à communiquer avec les autres. Pourtant, avoir des bases solides dans la communication est essentiel pour favoriser son intégration sociale. Comment, alors, encourager la communication chez l’enfant autiste ? Pour y parvenir, nous vous proposons 8 étapes.
Rappel des particularités de la communication chez l’enfant autiste
Le diagnostic d’autisme se base sur la recherche d’une dyade spécifique, incluant :
- des troubles de la communication ;
- des troubles du comportement (avec des gestes répétitifs, des intérêts restreints, etc.).
Ce handicap est un trouble neurodéveloppemental, auparavant décrit selon certaines spécificités distinctes (qui conduisaient à un diagnostic du syndrome d’Asperger, du syndrome de Kanner, etc.). En réalité, il s’agit plutôt d’un « spectre » : toutes les personnes diagnostiquées avec un TSA ne présenteront pas les mêmes particularités et auront des difficultés qui leur seront propres.
Bien observer ces difficultés permet de mettre en place des outils efficaces pour améliorer les échanges avec la personne autiste et pour favoriser son insertion sociale. Dans le cas du langage et de la communication notamment, plusieurs signes devront être recherchés, parmi lesquels :
- un langage non typique (incluant une écholalie immédiate ou différée, etc.) ;
- une régression persistante de l’une des compétences ;
- un regard fuyant ;
- un trouble dans l’imitation ;
Une fois ces spécificités bien identifiées, suivez les étapes permettant de développer les compétences socles de la communication chez l’enfant autiste qui vous semblent les plus adaptées.
Étape 1 : Se placer à la hauteur de l’enfant pour communiquer

Quel que soit l’âge de l’enfant, se placer à sa hauteur favorise l’échange. En effet, le positionnement est primordial.
Peut-être vous souvenez-vous d’une fois où la personne avec qui vous échangiez se tenait trop proche de vous. Vous étiez-vous alors senti comme agressé ? Si oui, cela est bien normal : nous avons tous un espace vital. La manière dont nous nous positionnons par rapport à nos interlocuteurs peut nous faire sentir en sécurité, comme l’inverse. Cela a un impact direct sur notre capacité à échanger avec les autres !
Ainsi, si vous gardez votre station debout lorsque vous parlez à un enfant, vous imposerez un rapport hiérarchique à ce dernier. Il devra lever la tête pour vous regarder et aura donc plus de difficultés à suivre la conversation… Pour limiter ces erreurs, privilégiez le face-à-face. Cela vous permettra également de mieux percevoir ses émotions et ses paroles.
L’enfant en question est encore un bébé et vous pensez ne pas pouvoir mettre en application cette idée ? Ne vous imposez pas de limites : vous pouvez très bien vous mettre à plat ventre ! Profitez-en pour rechercher un contact visuel.
Étape 2 : Parler plus lentement
Le saviez-vous ? La manière dont nous parlons aux enfants, et notamment aux bébés, a un impact direct sur leur apprentissage du langage.
En particulier, le fait de parler plus lentement et plus distinctement permet à ces derniers de mieux nous comprendre et de mieux discerner les différents sons (voyelles, consonnes, etc.).
Dans le cas de l’autisme, la perception différée conduit à une durée de traitement de l’information plus longue que chez la personne neurotypique. Cela signifie que l’enfant avec TSA a plus de difficulté à suivre votre débit de conversation qu’un enfant typique. Il a également besoin de plus de temps pour construire une réponse à vos questions.
Aussi, ralentissez et patientez : vous pourriez être surpris par les résultats.
Étape 3 : Offrir un choix de réponses à l’enfant avec TSA

Sans nous en rendre compte, nous posons souvent des questions ouvertes à nos enfants, comme :
« Que veux-tu ? »
Toutefois, ces questions peuvent les mettre en difficulté, notamment dans le cas des personnes ayant un diagnostic d’autisme.
En effet, il peut leur manquer le vocabulaire nécessaire pour exprimer leurs besoins. Cela s’observe notamment lorsqu’ils convoitent un objet hors de leur portée : ils pourraient alors se mettre à pleurer, sans savoir comment demander de l’aide ou sans avoir l’idée d’en demander.
Aussi, à la place, offrez-lui un choix de réponses :
« Que veux-tu : une poire ou une banane ? »
Puis montrez-lui les deux fruits en question. De cette manière, l’enfant pourra pointer du doigt pour faire son choix, enlevant ainsi de la frustration et renforçant sa confiance (en soi comme en vous).
Étape 4 : Décrire ses actions pour développer les compétences socles de la communication
Vous êtes en train de jouer avec un enfant qui présente des troubles du spectre de l’autisme ?
Décrivez ce que vous faites, ainsi que ce qu’il fait. Reformulez. Mais ne posez pas de questions ! Car c’est plutôt en commentant la situation que l’enfant pourrait émettre une remarque. Aussitôt, une communication naturelle et spontanée est rétablie : vous l’avez incité à la parole.
Néanmoins, rappelez-vous que, s’il est important de développer les compétences socles de la communication chez l’enfant autiste, le but n’est pas de le pousser à « devenir » neurotypique. Il s’agit plutôt de l’accompagner pour lui permettre de s’intégrer plus facilement à son environnement social, sans que cela ne soit une source d’anxiété pour lui.
Étape 5 : Dire le début du mot pour stimuler le langage

La maîtrise du vocabulaire est compliquée ? L’enfant que vous accompagnez ne trouve pas ses mots, malgré ses efforts ?
Pour l’aider dans sa recherche lexicale, misez sur l’incitation verbale. Cela consiste à dire le début d’une phrase pour stimuler le langage. Vous pouvez aussi donner le premier son (ou phonème) d’un mot, comme « t » pour « train » ou « ch » pour « chien ».
Cette technique est souvent utilisée avec les enfants de manière générale, et elle fonctionne également très bien chez les personnes autistes. En effet, cette technique permet d’augmenter la confiance en soi de l’enfant, en lui donnant l’élan nécessaire pour terminer sa phrase.
Étape 6 : Être un modèle pour l’enfant autiste
L’enfant se trompe lorsqu’il s’exprime ? Dans ce cas, corrigez-le sans vous montrer trop insistant : répétez simplement la phrase telle qu’elle devrait être dite. Il vous faudra peut-être faire preuve de patience, car l’enfant ne se corrigera pas tout de suite : il est possible qu’il refasse l’erreur plusieurs fois avant d’intégrer le bon mot.
Dans ce cas, ne montrez pas votre impatience, et contentez-vous de répéter : « j’ai mal » à la place de « j’ai ale », par exemple.
Peu à peu, l’enfant retiendra la bonne prononciation.
Étape 7 : Allonger les phrases
L’enfant vient d’énoncer une phrase courte ? Essayez d’étayer l’information, en ajoutant un mot ou un bout de phrases.
Il s’agit de la technique du « n+1 » : en enrichissant le propos de l’enfant, ce dernier verra son champ lexical s’améliorer.
Par exemple, s’il dit : « joue », répondez : « joue avec le chien ».
En associant cette technique avec les précédentes (se mettre à la hauteur de l’enfant, ralentir son débit), vous serez en mesure de développer ses compétences langagières de manière efficace.
Étape 8 : Utiliser les intérêts particuliers pour stimuler la communication

Utiliser les centres d’intérêt de l’enfant avec TSA est une technique efficace pour développer son expression verbale.
En effet, la personne autiste aime parler de sa ou de ses passions : elle pourrait en discuter durant des heures sans se rendre compte qu’autant de temps s’est écoulé. Profitez de cette motivation pour développer les compétences socles de la communication chez l’enfant autiste.
Pour cela, suivez les étapes suivantes :
- observez et écoutez l’enfant pour connaître ses intérêts et vous les approprier ;
- imitez ce qu’il fait pour lui montrer que vous vous intéressez aux mêmes choses que lui.
En créant du plaisir autour d’une activité, l’enfant recherchera de nouveau votre contact par la suite. Il s’agit donc d’un outil de communication très efficace.
L’enfant que vous accompagnez ne présente pas d’intérêt particulier pour quoi que ce soit ? Dans ce cas, montrez-lui divers objets, un à un. Observez ses réactions et ses expressions faciales pour savoir si l’objet en question lui plaît ou non. Si c’est le cas, développez ensemble une activité autour de ça, en lui laissant l’initiative. De plus, rappelez-vous que, pour que cette technique fonctionne, vous ne devez pas forcer l’enfant à apprécier quelque chose.
Dans le cas où l’enfant que vous accompagnez est autiste non-verbal, n’hésitez pas à utiliser des outils de communication alternatifs, tels que le PECS, le Makaton, et d’autres supports nombreux de CAA (Communication Augmentative et/ ou Alternative). De nombreuses solutions existent : aussi, n’hésitez pas à vous renseigner et à les tester !
Nous nous sommes principalement focalisés dans cet article sur la communication verbale. Pourtant, d’autres particularités existent au niveau de la communication non-verbale chez la personne autiste (postures, gestes, mimiques, etc.), liés par exemple à des troubles sensoriels, au besoin de routine, etc. Pour développer les habiletés sociales des jeunes autistes, et favoriser leur apprentissage des codes sociaux, il est important de bien prendre en compte toutes ces spécificités. Néanmoins, ne vous inquiétez pas : de nombreux outils existent déjà. D’ailleurs, si vous désirez en savoir plus, découvrez vite notre formation eeForm !