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Les particularités de la communication liées à l’autisme : quelles sont-elles ?
Les particularités de la communication liées à l’autisme sont diverses et dépendent de chaque personne. Apprenez à les reconnaître !
Le saviez-vous ? 93 % de notre communication est non verbale. Eh oui ! En plus du langage, indispensable pour transmettre des idées complexes, notre corps parle pour nous. D’ailleurs, pour échanger des messages et créer une interaction sociale, la parole et le langage corporel sont des instruments essentiels. Néanmoins, chez les personnes autistes, certains troubles de la communication impactent ces processus. Comment se manifestent-ils ? Quelles sont les particularités de la communication liées à l’autisme ? Faisons le tour de la question…
Communication et langage : définitions
Qu’est-ce que la communication ? Le langage ? Ces deux termes, dont la signification est si proche, n’ont pourtant pas la même définition.
La communication
Ainsi, la communication rassemble l’ensemble des processus qui nous permettent de transmettre et de recevoir des savoirs et des informations. Elle nécessite la présence d’au moins deux individus, dont :
- un émetteur ;
- et un récepteur.
Ces deux rôles peuvent changer au cours d’une même discussion.
La communication peut alors être verbale (c’est le langage) ou non verbale (avec un ensemble de gestes, postures et expressions faciales).
Le langage : un outil de la communication
Le langage, quant à lui, est un code régi selon certaines règles comprises par plusieurs personnes. Le français en est un exemple : si vous êtes en mesure de comprendre ce texte, c’est que vous et moi connaissons les règles de ce même code.
Néanmoins, savoir le lire ne suffit pas. Ainsi, pour qu’une langue soit comprise, et employée par plusieurs personnes, trois composantes doivent être maîtrisées :
- la forme, incluant la prononciation, l’organisation des sons, l’organisation syntaxique des mots et des phrases ;
- le contenu sémantique, aussi appelé vocabulaire ou lexique ;
- la manière dont le langage est utilisé, c’est-à-dire les habiletés conversationnelles, le type de discours utilisé, etc.
En bref, si le langage fait partie intégrante de notre communication, l’inverse n’est pas vrai.
Les autres outils de la communication
Mais les processus de communication ne se limitent pas à la parole et aux discussions. De nombreux autres outils ont été développés par les êtres humains pour échanger des messages, exprimer ses pensées et partager des idées.
Le langage des signes, développé principalement pour les personnes malentendantes, n’en est qu’un exemple. Nous pouvons également citer le graphisme, qui inclut :
- l’écriture, qui utilise des composantes d’une langue, mais non la parole ;
- le dessin, qui emploie des symboles et des images pour représenter une idée concrète ou abstraite.
Ainsi, pour communiquer ses pensées, avoir des compétences langagières développées n’est pas toujours nécessaire. Évidemment, dans un monde où le langage parlé a une place aussi prégnante, cela représente malgré tout un gros avantage.
Les troubles de la communication
Si l’on dit « troubles de la communication », à quoi pensez-vous ?
Ces troubles, qui génèrent de véritables handicaps, sont très variés : il est donc possible que vous n’en connaissiez pas toutes les manifestations possibles.
Ils incluent, entre autres :
- les troubles du langage, qui peuvent être du type expressif (difficultés à s’exprimer, à avoir le bon lexique ou la bonne syntaxe) ou réceptif (difficultés à décoder le message reçu) ;
- les troubles de la parole, qui incluent le bégaiement, mais aussi des troubles au niveau des cordes vocales, du larynx, etc. Ainsi, les troubles de la parole peuvent être d’ordre physiologique, mais pas seulement ! D’autres causes peuvent être en jeu, comme pour le mutisme ou l’aphasie, qui sont l’incapacité de parler, ou encore l’apraxie, qui peut être la conséquence d’un accident vasculaire cérébral (AVC).
Quelles sont les particularités de la communication liées à l’autisme ?
Autisme : définition
Selon le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, ou DSM 5, les troubles du spectre autistique (TSA) se caractérisent par la présence d’une dyade autistique.
Cette dernière comprend :
- un déficit dans la communication et les interactions sociales ;
- le caractère restreint et répétitif de certains comportements et intérêts.
Ce n’est que si cette dyade est observée que le diagnostic d’autisme peut être posé.
Ainsi, les personnes autistes présentent des troubles de la communication. Néanmoins, il est important de se rappeler que l’autisme est un spectre continu. Autrement dit, les difficultés liées aux interactions sociales ne sont pas les mêmes d’une personne à l’autre.
Nous pouvons par exemple citer :
- le mutisme, dont la durée peut varier ;
- les troubles du langage, qui incluent la difficulté à comprendre l’intention de communication, à utiliser les habiletés sociales ou à moduler le ton de sa voix ;
- la difficulté à lire le langage corporel et à comprendre les signes non-verbaux ;
- la difficulté à se concentrer sur une conversation du fait de sur-stimulations sensorielles.
Ainsi, il existe des difficultés très variées. Raison pour laquelle il est important de toujours bien individualiser chaque prise en charge.
D’ailleurs, la Haute Autorité de Santé (HAS) insiste sur l’importance du diagnostic précoce. Pourquoi ? Tout simplement pour bénéficier de la plasticité cérébrale des enfants. Cette neuroplasticité permet en effet d’améliorer rapidement certaines compétences. Mais, pour cela, il faut que l’environnement soit bien évidemment adapté…
Quelques exemples de manifestations
D’ailleurs, quelques signes précurseurs permettent d’envisager la passation d’un diagnostic d’autisme.
Certains des enfants que vous accompagnez, en tant que professionnel de santé, présentent des particularités langagières ? Les écholalies, inversions ou inventions de mots ne sont que quelques exemples. Mais il est également possible d’observer un retard, voire une absence de langage, sans tentative de communiquer à l’aide d’autres gestes.
En effet, comme nous l’avons vu plus haut, les difficultés de langage n’entraînent pas toujours des difficultés dans la communication : d’autres astuces peuvent être trouvées par les enfants pour exprimer leurs besoins. Chez l’enfant autiste, néanmoins, la demande d’aide sera moins spontanée, voire absente : il pourrait même préférer trouver des solutions seul plutôt que de faire appel à un adulte !
Par ailleurs, des troubles dans la communication non verbale (expressions faciales inadaptées, volume sonore ou intonation inadaptés, etc.) pourraient aussi être observés.
Vous connaissez un enfant qui regarde bien dans les yeux et vous pensez donc qu’il ne peut pas être autiste ? Attention : toutes les personnes autistes sont différentes. Si certaines d’entre elles évitent le contact oculaire, d’autres montreront moins de difficultés sur ce point.
Il s’agit donc de réaliser une évaluation pluridisciplinaire et complète pour ne passer à côté d’aucun symptôme énonciateur de difficultés.

Les précurseurs à la communication : quels sont-ils et à quoi servent-ils ?
Chez l’enfant neurotypique, nous pouvons observer le développement de plusieurs précurseurs à la communication, dès son plus jeune âge. Il s’agit des prérequis nécessaires à des échanges sociaux réciproques.
Aussi, ils constituent une base indispensable. Chercher à les mettre en place chez la personne autiste est donc une piste pour améliorer ses compétences en communication.
Précurseur n°1 : le regard
Le regard, ou contact visuel, a une place importante dans la communication non verbale. En effet, c’est lui qui va déterminer à qui l’on est en train de parler et qui va permettre d’engager une conversation.
Vous êtes-vous déjà senti comme insulté lorsqu’une personne ne vous regardait pas dans les yeux ? Peut-être l’avez-vous jugée hautaine et vous êtes-vous senti·e exclu·e ?
Ou bien, au contraire, vous êtes-vous senti·e gêné·e face à un regard trop intense et prolongé ?
Pourtant, la personne autiste n’a pas l’intention de vous mettre mal à l’aise. Loin d’être un signe d’indifférence ou de manque d’intérêt, le manque de contact oculaire est plutôt le signe d’une véritable difficulté.
Précurseur n°2 : l’attention conjointe
Il s’agit de la capacité à partager un événement ou une pensée avec autrui.
Cette compétence a, elle aussi, un rôle important dans la mise en place de la socialisation. Acquise très tôt, elle est un prérequis indispensable au développement langagier.
Pourtant, l’enfant autiste pourrait ne rien partager avec vous. Il a besoin d’un objet ? Plutôt que de rechercher votre attention, il ira sans doute le chercher seul.
Précurseur n°3 : le pointage
C’est grâce au pointage que nous désignons des objets. Grâce à cela, un bébé qui n’a pas encore acquis le langage peut montrer où se porte son intérêt.
Déficient, voire absent, chez la personne autiste, ce prérequis ne peut être mis en place que si l’attention conjointe et le regard sont eux-mêmes bien acquis.
Précurseur n°4 : l’imitation
Fondamentale dans le développement du langage comme de la communication non verbale, l’imitation est ce qui nous permet d’apprendre les règles sociales en vigueur. L’imitation peut être mimique, vocale ou bien encore motrice.
L’enfant neuroatypique, quant à lui, peut n’imiter que gestes simples. Ce qui ne signifie pas qu’il n’est pas capable d’imiter ! Booster ce comportement pourrait l’aider à enrichir plus rapidement son lexique de mots et de gestes.
Précurseur n°5 : le tour de rôle
Enfin, le tour de rôle, aussi appelé tour de parole, est essentiel dans les échanges vocaux. C’est ainsi que, dans une discussion, un échange réciproque peut réellement s’installer.
Bien évidemment, savoir quand laisser la parole aux autres n’est pas inné. C’est pourquoi les enfants nous coupent bien souvent la parole, s’impatientent, voire s’agitent lors d’une conversation. En grandissant, ils vont apprendre à attendre leur tour et à respecter celui des autres.
Chez l’enfant autiste, ce développement peut être plus long, notamment du fait de ses difficultés dans l’imitation. Si, en plus, vous le lancez sur l’un de ses sujets favoris, vous pourriez bien vous retrouver face à un long monologue !
Heureusement, pour mettre en place les tours de parole, plusieurs jeux peuvent être utilisés : l’utilisation de scénarios sociaux, en faisant semblant de s’appeler au téléphone, est un exemple.

Pourquoi se former aux particularités de la communication autistique ?
Pourquoi un professionnel devrait-il se former aux particularités de la communication liées à l’autisme ?
Les objectifs sont multiples. Il s’agit notamment d’améliorer l’autonomie de l’enfant au quotidien tout en outillant mieux les parents face aux difficultés de leurs petits.
Or, pour favoriser l’interaction chez la personne autiste, quelques grands principes simples peuvent être rapidement et facilement mis en œuvre. Le but est alors de développer les compétences socles de la communication.
Bref, les particularités de la communication liées à l’autisme sont nombreuses : particularités langagières, mais également au niveau des gestes, de la posture, de l’intonation de la voix… Pour aider l’enfant autiste à booster ses compétences communicationnelles et à améliorer ses échanges sociaux, vous pouvez mettre en place des jeux et méthodes qui lui permettront de développer les compétences socles de sa communication. Vous ne savez pas par où commencer ? Participez à notre weekend de formation dédié à la Communication Alternative et Augmentée !