Il est 20 h. Comme tous les soirs, vous tentez vainement de coucher votre petit. Néanmoins, nous sommes bien loin de l’attitude calme et somnolente que vous aimeriez observer à ce moment de la journée. Au contraire, la chambre ressemble à un champ de bataille : vous courez après l’enfant, qui crie, rit ou pleure. Bref, dans tous les cas, il bouge énormément et ne vous écoute pas. Et si c’était parce qu’il a des difficultés à gérer son cycle émotionnel ? À faire face à la frustration de devoir cesser ses activités pour dormir ? Gérer ses pensées n’est pas toujours évident, et nos émotions, primaires comme secondaires, perturbent nos autres fonctions. Nous ne sommes alors plus disponibles émotionnellement et intellectuellement. Mais comment être bien certain·e que l’enfant en question présente une mauvaise régulation émotionnelle ? C’est là que le questionnaire de gestion émotionnelle intervient. À quoi sert-il ? Dans quel cadre l’utiliser ? Ideereka vous dévoile tout ce qu’il y a à savoir.
Pourquoi réaliser un test du profil émotionnel des enfants ?
Dès notre plus tendre enfance, nous apprenons à réguler nos émotions.
Ce processus est indispensable pour nous permettre d’atteindre nos objectifs de vie.
Imaginez en effet vous mettre à pleurer toutes les larmes de votre corps dès qu’une frustration se met en travers de votre chemin ! Avouez que cela ne vous permettrait sans doute pas de travailler ou d’effectuer vos tâches de manière efficace et sereine.
C’est pourquoi apprendre à gérer ses émotions est essentiel.
Le but ? Mieux se comprendre, mais aussi savoir inhiber, maintenir ou modifier l’intensité de nos réactions émotionnelles.
Car chaque émotion s’associe à des mouvements :
- pour la joie, cela pourra être le rire, les applaudissements ou des petits sauts ;
- pour la colère, nous retrouverons des cris, des crispations, des mouvements impulsifs et désordonnés ;
- pour la tristesse, il y aura des larmes, des cris, peut-être même l’envie de se rouler en boule ;
- etc.
Or, à chaque situation sociale, nous ajustons ces réactions pour ne laisser transparaître que celles qui sont adaptées. Imaginez le capharnaüm que seraient nos vies sans cela !
Néanmoins, selon les personnes et leur profil psychologique, cette régulation des émotions est plus ou moins facile à réaliser.
Ceci n’est pas sans conséquences, notamment chez les enfants, car les émotions trop fortes empêchent la réflexion.
Ceci limite donc les capacités d’apprentissage.
Heureusement, il existe des solutions pour aider ces enfants à mieux gérer leurs ressentis. Mais, pour déterminer les outils les plus adaptés à mettre en place, encore faut-il connaître leur profil émotionnel.
C’est là que le questionnaire de gestion émotionnelle intervient. Ce dernier sert à :
- déceler la bonne ou la mauvaise gestion des émotions chez un enfant ;
- déterminer le profil émotionnel de ce dernier ;
- puis adapter la prise en charge.
Les limites des échelles de régulation émotionnelle actuelles
Bien sûr, il existe déjà différentes échelles de régulation émotionnelle.
- Le DERS-F est une échelle qui permet d’évaluer à quel point nous sommes attentifs à nos propres émotions et comment nous réagissons face à elles. Néanmoins, ce questionnaire est plutôt adapté aux adolescents et adultes, qui ont déjà une certaine connaissance de leurs spectre émotionnel et de leurs comportements. Pour les enfants de moins de 12 ans, il n’est donc pas adapté.
- Le profil sensoriel de Dunn, quant à lui, est un questionnaire qui se base sur le jugement de la personne qui s’occupe de l’enfant. Il permet d’évaluer toutes les capacités de traitement de l’information sensorielle, et pas seulement les émotions. Il est donc bien plus long à passer. De plus, il présente une limite : il ne prend pas en compte l’hyperémotivité (ou hypersensibilité). Autrement dit, pour un enfant hyperémotif mais qui gère bien ses émotions, les résultats de ce test pourraient bien recommander une prise en charge alors qu’il n’y en a pas besoin.
Bref, il existe déjà des tests de profils émotionnels. Mais ils se révèlent bien souvent inadaptés aux besoins des personnes souhaitant apprendre aux enfants à mieux gérer leurs émotions.
Et ce, pour plusieurs raisons :
- ils sont trop longs à passer ;
- ils sont non applicables aux enfants de moins de 12 ans ;
- ils sont inadaptés aux enfants hyperémotifs.
C’est la raison qui a poussé Aurélie Philemy, psychomotricienne et formatrice chez Ideereka, à développer son propre questionnaire de la gestion émotionnelle.
Comment utiliser le questionnaire de la gestion émotionnelle ?
Le test développé par Aurélie Philemy est composé de 33 propositions.
Pour chacune d’entre elles, il s’agit de répondre « oui » ou « non ». Le temps de passation total est de 10 minutes : soit un délai relativement court.
Ce test est à remplir en présence :
- d’une personne qui s’occupe de l’enfant au quotidien et connaît bien ce dernier ;
- ainsi que du praticien ou de la praticienne. Son rôle est de s’assurer que les questions sont bien comprises par le ou la responsable du petit. En effet, chaque mot de chaque proposition a une signification bien particulière. Ceci doit être pris en compte pour éviter d’avoir un résultat faussé.
Les propositions présentent des situations de la vie quotidienne. Selon la manière dont l’enfant réagit face à ces situations, le résultat du test indique s’il ou elle présente une bonne ou une mauvaise gestion émotionnelle et si une prise en charge est nécessaire.
Ainsi, très rapidement, vous aurez une idée du profil émotionnel de l’enfant et saurez quelle stratégie conseiller à ses parents ou tuteurs.
Comment a été conçu le questionnaire des états émotionnels ?
Cette échelle de régulation émotionnelle est issu des années d’expérience d’Aurélie Philemy.
Diplômée de l’Institut Supérieur de Rééducation Psychomotrice de Paris, elle intervient auprès de centaines de familles pour :
- régler les dysrégulations émotionnelles des plus petits ;
- apaiser les tensions intrafamiliales.
Au fil des années, elle a ainsi acquis une connaissance fine des problématiques que rencontrent les familles, notamment pour faire face aux émotions de leurs enfants à haut potentiel, TDAH, dysphasiques, dyspraxiques et autistes.
C’est de cette manière qu’elle a pu, peu à peu, concevoir un test servant à évaluer les capacités de régulation émotionnelle des enfants.
Bien sûr, le concevoir n’est pas suffisant. Encore faut-il s’assurer de sa fiabilité.
À ce jour, Aurélie Philemy formé plus de 300 professionnel·le·s à l’utilisation de ce test. Ces personnes l’ont alors employé auprès de 1 000 enfants au total, dont on savait déjà s’ils avaient une bonne gestion émotionnelle ou pas.
Finalement, les scores obtenus se sont toujours révélés cohérents par rapport à ce qui était attendu.
Par ailleurs, ce test correspond au score du critère L de réponses émotionnelles et sociales du profil sensoriel de Dunn. Autrement dit, il présente les mêmes scores qu’un outil standardisé.
De plus, contrairement au profil de Dunn, il n’est pas perturbé par l’hyperémotivité. Ainsi, si l’enfant ressent de fortes tristesse ou de grandes colères, mais qu’ils les gèrent bien, le score indiquera une bonne gestion émotionnelle.
Quelles sont les limites du questionnaire de régulation émotionnelle ?
Bien sûr, comme chaque outil de ce type, cette échelle d’évaluation des émotions présente quelques limites.
Ainsi, contrairement au profil de Dunn, il n’est pas standardisé. Autrement dit, il n’a pas été testé auprès d’un très grand échantillon de personnes selon un processus codifié pour évaluer sa fiabilité et sa validité.
Malgré tout, jusqu’à présent, les résultats obtenus avec ce questionnaire ont été cohérents avec ce qui était observé par les thérapeutes. Sans être standardisé, sa fiabilité a donc pu être testée à de nombreuses reprises.
Néanmoins, il peut dépendre de la subjectivité des parents ou des personnes accompagnant les enfants. C’est pourquoi les professionnel·le·s de santé ont un rôle primordial lors de la passation de ce test : il s’agit de bien orienter les parents pour éviter d’avoir des réponses confuses.
Enfin, ce test est à utiliser avec précaution avec les enfants diagnostiqués avec un trouble du spectre autistique (TSA). En effet, ce questionnaire n’est pas toujours fiable avec ces derniers.
Dans tous les cas, il est possible d’employer d’autres outils pour confirmer les résultats de ce test, telle que le test de la figure complexe de Rey. La 2e étape de ce test consiste à reproduire de mémoire une forme complexe sans en avoir averti l’enfant, ce qui déclenche une émotion. Si l’enfant ne réagit pas du tout quand on lui annonce la tâche ou, au contraire, surréagit, cela indique plutôt qu’il présente une mauvaise régulation émotionnelle.
Apprendre à déterminer les profils d’enfants avec une mauvaise gestion émotionnelle pour adapter la prise en charge
Mais notre questionnaire ne s’arrête pas là. En effet, selon les réponses obtenus, il permet de déterminer le ou les profils de l’enfant qui a une mauvaise gestion émotionnelle parmi 10 profils.
Selon ce profil, la prise en charge ne sera bien évidemment pas la même.
Par exemple, si vous faites face à un enfant présentant très peu d’expressions faciales, qui est dans le déni émotionnel, vous ne réagirez pas de la même façon que face à un enfant colérique.
Évaluer le profil émotionnel des enfants est alors très important pour savoir quels outils mettre en place afin de résoudre les problèmes rencontrés par les familles.
L’intérêt d’une bonne gestion émotionnelle est multiple :
- rendre l’enfant disponible émotionnellement pour les apprentissages ;
- faciliter ses relations amicales ;
- limiter les appréhensions, l’irritabilité ;
- favoriser le sentiment de sécurité et de confiance ;
- améliorer les relations parents / enfant.
Néanmoins, comment bien employer ce questionnaire ? Comment savoir quels outils employer dans telle ou telle situation ? La formation rendre l’enfant autonome dans sa gestion émotionnelle ! vous permettra de maîtriser ce questionnaire mais bien plus encore, comme l’apprentissage de nombreux outils pratiques, le travail avec les parents, l’adaptation aux handicaps des enfants…
