Le saviez-vous ? Le trouble du spectre de l’autisme (ou TSA) se manifeste chez l’enfant par divers comportements, qui sont plus ou moins évidents à identifier. En effet, chaque individu présente ses propres signes précoces de l’autisme. Néanmoins, s’il n’est pas toujours facile de les repérer, certains de ces signes peuvent aider au diagnostic. Vous connaissez un enfant qui ne réagit pas à l’appel de son prénom ? qui ne parle toujours pas à 18 mois ? Il n’imite ni vos gestes, ni les sons qu’il entend ? Il n’y a pas de conversation réciproque entre vous ? Et s’il s’agissait d’un trouble de la communication lié à l’autisme ? Découvrez, à travers cet article, les signes d’alerte d’un tel trouble.
Les critères diagnostic de l’autisme
Comment établir un diagnostic d’autisme ? Pour ce faire, la communauté psychiatrique internationale s’appuie sur le DSM-5, un manuel utilisé pour diagnostiquer les troubles développementaux et de la personnalité.
Ce manuel décrit cet handicap comme étant un trouble neurodéveloppemental. Les anciennes catégories d’autisme (Asperger, Kanner, etc.) y ont été abandonnées pour décrire un « spectre autistique ». Cette nouvelle appellation, si elle a soulevé de vives critiques, permet de mettre en avant la grande diversité des profils autistiques. Ainsi, il est important de garder en mémoire que, si des comportements récurrents sont observés, ils ne s’expriment pas de la même manière d’une personne à l’autre…
Une observation attentive est alors nécessaire pour identifier la dyade autistique, sur laquelle se base le diagnostic. Cette dyade se définit par :
- des troubles de la communication, entraînant des difficultés dans les relations sociales (nous y reviendrons dans la suite de cet article) ;
- des troubles du comportement, incluant des gestes répétitifs et des intérêts spécifiques.
Parmi les comportements répétitifs (ou stéréotypies), vous pourriez observer les très connus balancements et flapping (le fait de battre ses mains). Recherchez également des comportements moins évidents à repérer, tels que le fait de tourner sur soi-même, de vouloir toujours jouer avec le même objet, de faire des bruits avec sa bouche, de mettre ses mains sur les oreilles, de passer ses doigts devant ses yeux…etc. Ces stéréotypies peuvent être liées aux particularités sensorielles des jeunes autistes. Les enfants avec TSA sont également attachés à des routines, qui les rassurent et les font se sentir en sécurité. Vous avez changé d’horaire pour manger ? Si l’enfant pleure, cela peut en être la cause.
Les intérêts spécifiques, ou intérêts restreints, sont quant à eux définis comme étant un centre d’intérêt anormal par son intensité (l’enfant pourrait y consacrer des heures et des heures) ou par son sujet (comme collectionner un certain type d’objet).
Si vous identifiez de telles spécificités, tournez-vous vers un spécialiste de l’autisme : rappelez-vous que seul un médecin est habilité à poser un diagnostic.
Communication et langage : définitions
Qu’en est-il des troubles de la communication ? Nous y venons. Néanmoins, afin de bien comprendre comment en identifier les signes d’alerte, prenons le temps de définir ce que sont la communication et le langage.
- Communication : c’est le processus qui permet de transmettre et de recevoir des informations entre individus (idées, besoins, ressentis, etc.). Il comprend la communication verbale et la communication non verbale (comprenant des gestes, expressions faciales, mimiques, postures du corps…).
- Langage : c’est un outil de communication régi par certaines règles linguistiques. Il se compose de :
- la syntaxe, la prononciation ;
- le lexique, la sémantique ;
- l’intention de communication, les règles de discours utilisées, les habiletés conversationnelles et les codes sociaux.
Ainsi, ne confondez pas ces deux termes ! En effet, un enfant avec un retard de langage n’a pas forcément un trouble de la communication : s’il n’est pas autiste, il pourrait compenser son retard avec d’autres modes d’échanges.
C’est pourquoi il peut être difficile et complexe de repérer des traits autistiques. Pourtant, certains comportements atypiques sont des signes d’alerte d’un trouble de la communication lié à l’autisme.
Comment les enfants communiquent-ils ? Pourquoi communiquent-ils ? C’est en explorant ces questions que l’orthophoniste pourra identifier les déficits au niveau de la communication.
Autisme et troubles du langage : les signes de retard
Les signes de retard dans le développement du langage chez l’enfant avec TSA sont souvent les plus faciles à identifier.
Un enfant typique va développer ses compétences langagières de manière très précoce, dès la première année :
- il se met à babiller dès 6 mois, de façon volontaire ;
- très vite, il prononce ses premiers mots, dès 12 – 15 mois.
Chez l’enfant avec TSA, il peut, au contraire, y avoir :
- une absence ou un retard du langage (absence de babillage à 12 mois et/ou absence de paroles à 18 mois) ;
- un langage non typique (difficulté à utiliser les bons pronoms personnels, mauvaise imitation des sons, écholalies et répétitions sans intention de communication) ;
- une régression ou une perte du langage, à n’importe quel âge.
Néanmoins, certains enfants autistes peuvent ne pas présenter de retard du langage et avoir une façon de parler soutenue. C’est pourquoi l’observation de ce seul élément de communication reste insuffisante pour établir un diagnostic d’autisme.
Dans tous les cas, s’il y a une absence de langage à 18 mois, cela va donner un signal d’alerte, ce qui vous permettra d’explorer plus précisément les causes de ce retard.
Autisme et communication : quelques signes d’alerte
L’enfant ne vous regarde pas dans les yeux

Il s’agit sans doute de l’un des traits autistiques les plus connus, et pour cause : ce comportement engendre souvent un sentiment de tristesse chez les parents, qui souhaiteraient avoir un véritable contact oculaire avec leur enfant.
Regards furtifs, fuyants… L’enfant pourrait sembler vous fixer, sans que vous ne parveniez à croiser son regard : ce dernier est non-intentionnel.
L’enfant n’imite ni les sons, ni les gestes

Vous avez beau faire des grimaces, l’enfant ne vous imite pas ? Il ne vous répond pas lorsque vous lui souriez ?
Pour favoriser l’apprentissage de la communication, l’imitation est fondamentale : c’est elle qui permet de créer les bases de la communication et du jeu symbolique. Elle a une fonction sociale forte. Or, chez la personne autiste, cette fonction peut être déficitaire (et ce, à différents niveaux).
Dans ce cas, l’imitation ne sera pas personnalisée : elle est beaucoup moins « sélective » que chez l’enfant typique. Mais d’où vient ce manque d’imitation ? Il semblerait provenir d’un déficit de la coordination visuo-manuelle, de l’attention conjointe et de la lecture des expressions du visage.
L’enfant ne joue pas avec vous

L’enfant ne joue ni avec vous, ni avec les autres enfants, et reste dans son coin ?
Il ne joue pas à faire semblant et ne vous renvoie pas le ballon lorsque vous le lui lancez ?
Cela pourrait être un signe d’autisme.
En effet, les enfants avec TSA ont des difficultés à comprendre instinctivement les règles d’un jeu. C’est pourquoi l’apprentissage de ce dernier peut être source d’effort et de fatigue pour eux, davantage que d’amusement.
Pour pallier ces difficultés de compréhension de l’implicite, vous devez verbaliser les échanges, guider l’enfant, tester diverses façons de jouer avec le ballon.
Toutefois, il se peut que l’enfant ne soit pas intéressé par ces jeux : dans ce cas, n’insistez pas. Vous trouverez d’autres sources d’amusement, surtout en fonction de ses propres intérêts qui le motivent, que l’enfant pourra partager avec vous ou avec ses camarades de classe.
L’enfant ne pointe pas d’objets du doigt

Au contraire, il préfère faire les choses de manière autonome plutôt que de vous les demander. Vous pensiez avoir enfin réussi à cacher ses biscuits préférés dans le placard du haut ? Vous pourriez être surpris par l’inventivité de l’enfant, qui préférera empiler plusieurs chaises les unes sur les autres plutôt que de vous demander de l’aide ! Il se peut également qu’il utilise votre main et vous prenne le bras pour atteindre l’objet ou l’aliment convoité.
Vous lui lisez un livre, mais il ne suit pas les images de son regard ou de ses doigts ?
Il fixe un objet avec envie, mais ne vous le réclame pas ?
Ce sont autant de signes d’alerte d’un trouble de la communication lié à l’autisme.
Que faire dans le cas de signes d’un trouble de la communication ?
Certains des signaux d’alerte décrits dans cet article vous semblent familiers ? Dans ce cas, n’attendez pas, et prenez rendez-vous dans un Centre Ressources Autisme (CRA) ou chez un spécialiste afin de poser un diagnostic.
Pour cela, une série d’entretiens et de tests sera réalisée auprès de l’enfant pour évaluer ses capacités psychomotrices, de communication, entre autres. Parmi les tests menés durant l’anamnèse (ou récit de l’histoire de l’enfant), nous pouvons citer :
- l’ADI-R (entrevue entre le professionnel et les parents pour recueillir des informations sur la communication, les relations sociales) ;
- l’ADOS-2 (outil d’observation, évaluant le niveau de langage et la capacité d’interaction sociale) ;
- la CARS (échelle d’évaluation de l’autisme chez l’enfant) ;
- la WISC-5 (test de QI) ;
Les résultats de ce bilan permettront soit de confirmer le diagnostic d’autisme, soit d’infirmer ce dernier. Dans tous les cas, ces résultats favoriseront une prise en charge individualisée, en fonction des difficultés propres de l’enfant : c’est pour cette raison qu’il est essentiel de passer par cette étape de dépistage de l’autisme, et ce, le plus tôt possible.
En effet, développer les capacités de communication de manière précoce est essentiel pour permettre à l’enfant avec TSA de grandir dans un bon environnement, en favorisant ses capacités sociales et d’apprentissage.
Dans le cas de troubles de la communication importants, une prise en charge orthophonique pourrait être recommandée. L’accompagnement orthophonique participe alors au développement de la communication verbale comme non verbale de l’enfant. Il donne également des pistes aux parents et aux accompagnants pour leur permettre de favoriser ces capacités de communication même en dehors des séances d’orthophonie.
Vous l’avez compris, il existe de nombreux signes d’alerte témoignant d’un déficit de la communication dans l’autisme. Ces signes ne sont pas les mêmes d’un enfant à l’autre et ne permettent pas, seuls, de poser un diagnostic. Toutefois, ils participent à signaler la présence d’un trouble, quel qu’il soit, et vous permettront de trouver des solutions pour aider au mieux l’enfant.
[article écrit avec le concours de Amandine Belledent]