
Vous êtes-vous déjà demandé comment un bébé apprenait à se tenir debout et à marcher ? Le développement psychomoteur chez l’enfant n’est ni totalement héréditaire, ni forcé. Les acquisitions motrices, sensorielles, affectives, comme les compétences cognitives et comportementales se font à un rythme qui est propre à chaque enfant. Ainsi, s’il n’est pas possible d’anticiper l’âge auquel l’enfant marchera, vous pouvez l’accompagner et construire un environnement sûr pour le développement de sa motricité globale. Malheureusement, de nombreux mythes persistent encore aujourd’hui… Vous souhaitez les débusquer afin d’éviter toute erreur ? Découvrez-en 5 avec nous !
Mythe numéro 1 : installer le bébé dans une position lui permettra de l’acquérir plus vite
L’une des idées reçues les plus fréquentes concerne l’apprentissage forcé.
En effet, beaucoup de personnes pensent qu’installer le bébé dans une certaine position (assise, par exemple) lui permettra de la maîtriser beaucoup plus rapidement.
En réalité, cela est plus complexe que ça…
Vous vous dites peut-être que, parce que le bébé pédale lorsque vous le tenez en position verticale ou lorsqu’il est sur le dos, il marchera tôt ? Pas si sûr. Ce mouvement de pédalage est en effet un réflexe archaïque, c’est-à-dire un mouvement automatique et involontaire. Ce mouvement lui permet notamment d’explorer son corps, de tonifier ses muscles et d’expérimenter les gestes qu’il est en mesure de réaliser.
Toutefois, à ce stade, lui imposer la position assise ou debout le mettra en difficulté : comme il ne la maîtrise pas encore, il pourrait se sentir anxieux. Comprenez-le : il ignore sûrement comment changer de position, ni comment se tenir. Cela peut conduire à une appréhension de son environnement, à une marche sur la pointe des pieds, voire, plus grave, à une luxation des hanches.
L’un des exemples les plus typiques de ce genre de pratiques est l’usage du youpala, employé pour mettre l’enfant en station debout. Toutefois, cet outil diminue les expériences sensorimotrices que doit vivre le bébé pour bien développer toutes ses compétences motrices.
Aussi, pour garantir l’autonomie du bébé ainsi que sa confiance en lui et en son environnement, laissez-le aller à son rythme : posez-le sur le sol, afin qu’il puisse l’explorer, et laissez-lui le temps dont il a besoin pour expérimenter l’espace-temps. Il va passer par plusieurs phases de développement psychomoteur, allant du simple appui sur les avant-bras à des mouvements de flexion et d’extension. Peu à peu, il réalisera des retournements pour pivoter depuis le dos sur le ventre et inversement, puis il se redressera pour s’asseoir seul. Enfin, le moment venu, et grâce à la maîtrise de ses mouvements corporels, du poids de son corps et de son environnement spatial, il sera en mesure de se tenir sur ses pieds pour marcher.

La position sur le ventre est compliquée pour bébé ? S’il se met à pleurer dès que vous l’installez dans cette position, cela pourrait bien être un signe qu’il ne se sent pas à l’aise. Dans ce cas, ne le forcez pas et faites confiance à l’enfant : il sait mieux que vous ce qu’il désire expérimenter.
Mythe numéro 2 : l’âge d’acquisition de la marche est héréditaire
Les deux parents ont commencé à marcher à 10 mois et vous pensez que leur enfant suivra le même chemin ?
Vous pourriez être surpris.
En effet, l’apprentissage des capacités motrices dépend principalement de la maturation neurologique de l’enfant. Cette dernière est propre à chaque personne, et ne dépend pas uniquement de facteurs génétiques.
Gardez en tête que la marche est très complexe à mettre en place : elle dépend de l’ensemble des explorations que l’enfant aura pu effectuer auparavant, et qui concernent son propre corps comme son environnement. Développer sa stabilité, sa coordination, passer à quatre pattes, monter et descendre les escaliers, se mettre debout puis marcher seul… Tout cela implique de tonifier ses muscles et de maîtriser parfaitement ses mouvements, pour savoir, entre autres, quelle jambe placer en avant et à quel moment.
C’est pourquoi l’enfant ne réalise ses premiers pas que lorsqu’il s’y sent prêt. Ainsi, certains marcheront à 9 mois et d’autres à 18 mois : dans les deux cas, cela reste tout à fait normal.
Mythe numéro 3 : la frustration fait grandir
Avez-vous déjà eu du mal à endormir un nourrisson, le soir ?
« Laisse-le pleurer, il faut qu’il apprenne à se calmer seul ! »
Tel est le type de phrases que l’on entend de manière récurrente. Pourtant, les pleurs sont souvent le signe d’une véritable émotion, et non d’un caprice.
En particulier, lors du développement psychomoteur de l’enfant, ce dernier se rend compte qu’il n’est pas entièrement autonome : cela peut être source d’une très grande frustration et, donc, de pleurs.
Ceci est d’autant plus vrai si on ne le laisse pas aller à son rythme : nous sommes en effet tous contraints par notre emploi du temps, ce qui nous empêche bien souvent de laisser nos enfants faire les choses par eux-mêmes (rappelons qu’ils sont encore en apprentissage : le moindre mouvement leur demande bien plus d’efforts et d’attention qu’à une personne adulte).
Apprendre à gérer ses émotions fait donc partie du développement moteur. En tant que professionnel, vous devez accompagner cet apprentissage. Laisser l’enfant ressentir de la frustration sans l’aider à se débarrasser de cette émotion est une erreur courante. Pourtant, lui permettre de comprendre ce qu’il ressent favorise le développement de ses compétences psychomotrices.
Attention, toutefois, car il s’agit d’intervenir uniquement lorsque cela est nécessaire : ainsi, ne vous précipitez pas dès qu’un bébé se met à pleurer (tous les pleurs ne sont pas dus à une émotion forte). Mais ne le laissez pas non plus crier durant des heures sans intervenir. Un juste équilibre doit être trouvé.
Mythe numéro 4 : l’acquisition de la propreté doit être forcée
Tout comme pour l’apprentissage de la marche, l’acquisition de la propreté ne doit pas être forcée.
En effet, il s’agit, là aussi, d’une étape très importante dans le développement de l’enfant : lui permettre d’aller à son rythme, c’est aussi lui permettre, in fine, de gagner davantage d’autonomie.
Vous connaissez des enfants qui vont bientôt rentrer à l’école et leurs parents souhaiteraient que la propreté soit définitivement acquise ?
Certes. Ce désir d’autonomie et l’âge d’entrée à l’école sont très souvent liés.
Toutefois, pour devenir propre, l’enfant doit passer par l’apprentissage de plusieurs compétences, qui peuvent être plus ou moins longues à acquérir :
- le contrôle musculaire (être propre dépend en effet d’un mécanisme physiologique, il faut donc que l’enfant soit capable d’ouvrir et de fermer les sphincters de la vessie) ;
- la motricité fine (notamment la coordination œil-main, pour que l’enfant soit capable d’enlever et de remettre ses vêtements seul) ;
- le langage (pour être capable de dire ce qui ne va pas, dans le cas d’un accident par exemple).
Pour favoriser ces acquisitions, vous pouvez mettre en place de nombreux jeux moteurs. Par ailleurs, il est important d’expliquer au petit que les accidents, notamment la nuit, sont normaux, et ce, même après 5 ans (c’est ce qu’on appelle l’énurésie). D’ailleurs, à 3 ans, 15 à 20 % des enfants seulement n’ont plus d’énurésie nocturne.
Là encore, l’accompagner dans sa gestion émotionnelle (pour faire face à la honte, à la tristesse à la colère, ou encore à la baisse de l’estime de soi) est essentiel.
Mythe numéro 5 : les pédagogies alternatives sont une mode

Montessori, motricité libre, Freinet, Steiner et Waldorf… que valent toutes ces pédagogies alternatives ?
Loin d’être une mode, ces méthodes d’enseignement sont assez anciennes : elles datent des années 1900 pour plusieurs d’entre elles. Toutefois, à cette époque, la population globale était moins attentive aux besoins et aux attentes de l’enfant lors de sa croissance. Ce n’est que récemment que de nombreuses personnes s’y sont intéressées, ces dernières remettant en question le système éducatif traditionnel (raison pour laquelle ces pédagogies reviennent sur le devant de la scène).
D’ailleurs, l’évaluation internationale PISA (Programme International pour le Suivi des Acquis des élèves) démontre l’intérêt des éducations alternatives. Avez-vous déjà entendu parler du modèle finlandais ? Eh oui, PISA met en avant ce dernier, qui ouvre une nouvelle réflexion en ce qui concerne l’éducation de nos enfants.
C’est pourquoi de plus en plus de crèches et de maternelles mettent en place de telles pratiques : les bougeothèques (structures encourageant la motricité libre, encadrées par des professionnels de la petite enfance) sont un exemple typique de cette évolution.
Ainsi, les pédagogies alternatives ne sont pas seulement des techniques utilisées dans quelques écoles huppées. Au contraire, elles sont la représentation d’une réflexion globale sur notre rapport aux apprentissages et à la manière d’enseigner.
Elles ne mettent pas exagérément l’enfant en avant. Elles consistent plutôt à être davantage à l’écoute de son développement et de ses besoins. De plus, ces méthodes ne sont pas destinées uniquement aux professionnels : il existe de nombreux supports de jeux, tels que le boulier Montessori, s’appuyant sur de telles pédagogies, et accessibles même aux parents.
Identifier les signes d’alerte d’un éventuel retard dans le développement psychomoteur de l’enfant
Vous trouvez qu’un enfant met beaucoup de temps à apprendre la marche et vous craignez qu’il n’ait un retard dans son développement moteur ?
Pas de panique ! Comme vu plus haut, certains enfants nécessitent simplement davantage de temps dans leurs apprentissages.
Les questions à se poser
Pour savoir s’il existe un véritable trouble psychomoteur, observez le petit et posez-vous les questions suivantes :
- Explore-t-il son corps ?
- A-t-il des difficultés dans la préhension ?
- Y a-t-il eu une exploration du sol ?
- Présente-t-il des troubles sensoriels ?
- Recherche-t-il les interactions avec les autres enfants ?
- Présente-t-il des troubles au niveau de la motricité fine, du langage écrit ou oral ?
Les troubles psychomoteurs peuvent être causés par de nombreuses particularités : troubles « dys » (dyslexie, dysgraphie, dyspraxie, etc.), hyperactivité ou TDAH, troubles obsessionnels compulsifs (TOC), autisme, troubles du sommeil…
Si vous avez des doutes, ou si vous remarquez une régression persistante (sur plusieurs semaines), consultez un psychomotricien ou un pédiatre : ces spécialistes sauront répondre à toutes vos questions. Ils pourraient même réaliser un bilan psychomoteur en vue d’identifier des solutions adaptées.
Psychomotricité et autisme
Dans le cas de l’autisme, plusieurs particularités pourraient être observées sur le plan psychomoteur, comme :
- des ajustements toniques et posturaux de mauvaise qualité ;
- des marches atypiques (sur la pointe des pieds) et des stéréotypies gestuelles (balancements, manipulations répétitives, tourner sur soi-même, etc.) ;
- des particularités sensorielles (hypersensibilités, hyposensibilités, etc.) ;
- des difficultés dans les activités motrices (avec de nombreuses chutes, etc.) ;
- pas ou peu d’interactions (partage d’expériences avec les autres).
Si vous observez de telles spécificités, tournez-vous vers un pédiatre ou un spécialiste du trouble du spectre autistique (ou TSA) : ce professionnel sera en mesure de poser ou d’écarter un diagnostic d’autisme.
Développer les bonnes bases
Pour développer la motricité au mieux, mettez en place des activités : mimer les animaux et réaliser des jeux moteurs permet à l’enfant d’explorer sa force, sa position, etc. Cela lui offrira des bases solides pour favoriser son développement psychomoteur.
Les activités physiques ont également un intérêt, pour le développement de la force comme de l’équilibre.
Le but pour l’enfant est de connaître de nombreuses stimulations, autant sensorielles que psychomotrices, pour que sa croissance se passe dans les meilleures conditions.
Les mythes qui concernent le développement psychomoteur chez l’enfant sont persistants, et il est parfois difficile de s’en défaire. Ils sont souvent dus à l’anxiété de ne pas voir un enfant se développer de manière que l’on juge normale. Pourtant, il est important de laisser ce dernier aller à son rythme : les apprentissages psychomoteurs sont complexes, du temps peut être nécessaire pour acquérir des bases solides.
Aussi, si vous remarquez un léger retard, attendez un peu avant de consulter un pédiatre : un véritable trouble se manifeste plutôt par des régressions persistantes dans le temps, ou de gros retards. Dans tous les cas, des pédagogies telles que la motricité libre vous permettront d’aider au mieux l’enfant dans ses apprentissages. Vous souhaitez en savoir davantage sur cette méthode éducative ? Dans ce cas, n’attendez plus pour vous former !